Les larmes de Dieu

François-Alexandre Bergeron

Natif du Saguenay, François-Alexandre Bergeron a toujours été fasciné par l'écriture jusqu'au jour où il ose franchir le pas suite à l'éclatement de son noyau familial. Ce livre, son premier, est inscrit au prix des Lecteurs 2008 et au prix Découverte dans le cadre des Prix littéraires AbitibiBowater 2008.

«Les larmes de Dieu» raconte l’aventure amoureuse, dans le Chicoutimi d’après guerre, entre Edouard, un francophone, issu d'une famille unie, mais excessivement pauvre et de William, un anglophone qui vient rejoindre son bourgeois de père après le décès de sa mère. Au départ, tout sépare ces deux adolescents et pourtant, en suivant des chemins très différents, ils parviendront à se retrouver pour, enfin, oser s'aimer.

Au fil de ce roman, François-Alexandre Bergeron dresse une série de portraits saisissants d'humanité : le père de William, a quitté sa femme qu'il ne comprenait pas, mais s'est toujours occupé d'elle et de son fils parce que tel était son rôle et ce, malgré les reproches incessants qu'il subissait de leur part ; la mère d'Edouard qui découvre le secret de son fils et ne sait comment faire pour l'accepter et vivre avec cette «abomination» ; Edouard qui culpabilise à cause du poids de la religion catholique dans la vie de sa famille ; William, jeune rebelle aux sentiments à fleur de peau...

"Les larmes de Dieu" est un beau roman, puissant et touchant, d’une écriture à la fois romantique et forte. Il s’agit d’un ouvrage profondément humain qui met en évidence la difficulté à vivre en se mentant sur soi et en trompant les autres.

Il est impossible de toujours tenir le rôle de l’adolescent hétérosexuel irréprochable, et, en même temps, d’avoir un amant et de vouloir oser cette facette de sa personnalité. Un jour, même si on a tout tenté pour maitriser cette passion désordonnée, l'explosion survient au moment où on s'y attend le moins et il n'y a plus qu'une seule chose à faire : assumer cette sexualité qui, souvent n'est, en fait, qu'une histoire d'amour différente.

En fait, l'auteur exprime la difficile de s'assumer en tant que gay, dans un pays où l'église catholique (mais cette histoire pourrait s'appliquer également à toutes les religions qui s'immiscent dans le moindre comportement de ses fidèles) n'accepte pas les comportement qu'elle ne peut pas contrôler et est prête à toutes les extrémités pour contraindre la population à suivre la voie qu'elle, seule, estime juste. Mais quelle paix s'installe quand le pas est franchi et assumé.

C’est ce que Edouard va découvrir après avoir tenté de suivre pendant des années le modèle que la société et l'église voulaient lui imposer. Plus jamais il ne pourra revenir en arrière...
 
Bref, ce livre séduit par la simplicité et la véracité des sentiments décrits sans aucun cliché ou artifice littéraire. C’est un plaisir de se plonger dans sa lecture dont l’atmosphère imprègne et entoure petit à petit, comme un cocon de douceur et de chaleur. Ainsi, lorsque la dernière ligne est lue, on est tout étonné d’avoir si bien ressenti ce que l’auteur voulait nous faire partager. Pour un premier roman, c'est une belle réussite !