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Le lecteur gourmand
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31 août 2009

Ragueneau le sauvage

Pierre Manseau
ragueneau
Né en 1953, Pierre Manseau habite Montréal depuis 1967 où il a exercé divers métiers. L'auteur a complété des études en langue et littérature allemandes à l'université Concordia avant de publier des nouvelles dans la revue Moebius et de la poésie aux Herbes rouges. Depuis 1991, il a publié «L'île de l'adoration», «Quartier des hommes», «Marcher la nuit ou La petite poubelle bleue», «Le chant des pigeons»

Dans ce roman, Nicolas Bourgault, écrivain homosexuel en mal de succès, habite une maison décrépie sous le pont Jacques-Cartier. Un soir d'errance, il rencontre Ragueneau, un colosse blond, pêcheur de la Côte-Nord aux lointaines origines montagnaises. Entre les deux personnages va se développer une relation ambiguë : Ragueneau boit les minces revenus de Nicolas, tandis que celui-ci phantasme sur ce «Peau-Rouge» aguicheur et inaccessible.  Et puis, Ragueneau n'y tient plus, il part pour de longs mois, répondant à l'appel de la bouteille ou d'une «vraie femme», laissant Nicholas désemparé et blessé.

Dans ce roman aux descriptions parfois tellement réalistes qu'elles en deviennent angoissantes, l'auteur présente une histoire trouble tissée par les frustrations et les désabusements des divers personnages. Ce livre raconte, en fait, l'histoire de la dépendance et de la désespérance nées des frustrations de l'enfance. Il parle de la difficulté à s'aimer soi-même dès l'enfance et les conséquences que cela induit tout au long de la vie. C'est pourquoi bien que les personnages principaux soient homosexuels, ce roman pourrait décrire une histoire d'hétérosexuelle tant le sexe n'a rien à y voir !

De plus, les descriptions et les dialogues sont tellement minutieux qu'il est quasiment possible de voir ces héros ou plutôt ces anti-héros et de sentir leur misère. En effet, des ruelles sordides aux hôtels miteux, pour eux, la vie n'a rien d'une réussite. Elle n'est même pas teintée aux accents du bonheur. Tout y est cru, froid, vide !

En fait, ce roman ne laisse qu'une seule issue et c'est la mort du personnage principal, abandonné dans son amour impossible et délaissant, en retour, le seul être qui aurait pu l'aimer à sa façon. Il semble que l'auteur s'y interroge sur la raison de la vie et la fameuse citation du poète «il n'y a pas d'amour heureux» tant, pour lui, la frustration fait toujours partie de l'équation insoluble du bonheur.   

Enfin, on pourra regretter la scène de peep show sadomasochiste décrite avec minutie et vulgarité ou l'avant dernier chapitre qui est d'une pornographie crue. Ces scènes ne concernent pas le fonds de l'histoire et n'y apportent rien. Ou alors, elles serviront  uniquement à alimenter les aprioris et les préjugés de celles et ceux qui pour qui les homosexuels sont des personnes qui vivent dans le sexe et la misère, la dépendance affective et la frustration.

En conclusion, porté par une langue à la précision chirurgicale, ce livre est un électrochoc qui laisse pantelant, en état de choc !

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