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31 août 2009

Une éducation libertine

Sans_titre

Jean-Baptiste Del Amo

Jean-Baptiste Del Amo, âgé de vingt-six ans, vit à Montpellier où il a « travaillé dans le secteur social ». Une éducation libertine est son premier roman.

Un matin, Gaspard, jeune fils de paysan, quitte son Quimper natal pour prendre la direction de la Capitale. C’est donc en sentant le cochon et encore un peu niais qu’il arrive à Paris pour y vivre une vie différente. Un jour, par hasard, alors que la faim et la misère le tiraillent, il  rencontre Lucas, jeune garçon qui lui propose un toit et un travail dans les eaux immondes de la Seine. S'amorcent alors, pour Gaspard une série de rencontres qui le marqueront profondément :  Justin Billod, perruquier qui le prendra à son servi ce pour, progressivement, en tomber amoureux ; le Comte Étienne de V. qui lui fera découvrir le libertinage et l’ambition ; Emma, la prostituée au grand cœur qui sera son port d’attache avant de devenir, involontairement, sa planche de salut… En fait, Gaspard est prêt à tout pour échapper à son destin de paysan du XVIII siècle !

Ce premier roman de Jean Baptiste Del Amo fait beaucoup penser au livre «Le parfum». Mais à la différence du monde de la parfumerie où évolue le personnage principal du roman de Suskïnd, c’est dans un univers de pestilence et de pourriture qu’évolue Gaspard puisque l’auteur décrit, à outrance, les bas-fonds de Paris, avec leur pestilence et leur répugnance. Rien n’est épargné, tant l’auteur semble prendre un malin plaisir dans d’interminables descriptions et une narration sensitive où il n’existe aucune beauté, aucune éventualité de bonheur. En fait, en vingt lignes, l’auteur décrit ce que deux auraient permis de comprendre, les odeurs en moins !

Cela contribue à imprégner l’atmosphère de ce livre où l’homosexualité n’est qu’un prétexte puisque, rien dans l’histoire, n’empêcherait une héroïne de prendre la place de gaspard, avec le même cheminement et un cheminement identique.

De plus, il convient de signaler que le héros ne peut vivre pleinement sa vie par lui-même. Il requiert toujours la présence d’un autre personnage (Lucas, Billod, Emma, le comte de V…) sur lequel s’appuyer maladivement, jalousement… On a presque l’impression d’assister à l’évolution d’un singe savant qui ne sait que copier les autres pour parvenir à ses fins. C’est d’ailleurs le rôle qu’il tient tout au long du livre sans jamais parvenir à assumer seul ses ambitions.

Par contre, il s’avère intéressant de noter que le libertinage dont il est question dans ce livre ne s’arrête pas à la simple question de la sexualité, si crue soit-elle. Il est, comme dans le vrai sens du terme employé au XVIII siècle, le libertinage de l’esprit qui se découvre indépendant, libre de toutes les conventions et qui peut s’affranchir de toutes les convenances de l’ordre établi afin d’assumer sa propre évolution. En cela, on sent aisément l’influence que Sade a pu avoir sur l’auteur ; Sade qu’on ne saurait réduire à un obsédé sexuel sans manquer une partie non négligeable de sa motivation.

En conclusion, ce texte présente toutes les caractéristiques d’un premier roman tant il regorge de références visibles ou implicites à des auteurs reconnus des XVIII ou XX siècle. Il faut espérer que l’auteur réussira, dans ses œuvres futures, à se libérer de ses maîtres pour devenir lui aussi, un vrai libertin !

Gageons que cela l’aidera sûrement à étoffer ses personnages afin qu’ils vivent et ne soient plus de simples marionnettes manipulées par l’écrivain. Quoi qu’il en soit, cette première œuvre est prometteuse d’une écriture riche et sensitive que l’expérience ne pourra qu’embellir.

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