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31 août 2009

La meilleure part des hommes

2108
Tristan Garcia

Tristan Garcia, né en 1981 à Toulouse, a écrit plusieurs ouvrages, mais «La meilleure part des hommes» est son premier roman.

Dans celui-ci, l’auteur présente l’histoire de Dominique Rossi, ancien militant gauchiste, qui fonde, à la fin des années quatre-vingt et avec le commencement d’apparition du sida, le premier mouvement de lutte et d'émancipation français des homosexuels. Willie, son jeune amant, est un écrivaillon sulfureux qui pour plagier les intellectuels s’essaye à la philosophie et à son contraire. Il cite Spinoza à tout bout de champs, on n’est jamais certain qu’il comprenne ce dont il parle. Bref, ils s'aiment, se quittent pour finalement se détruire sur la place publique, sous couvert d’un débat violent sur le port ou non du préservatif. Quant à la narratrice, amie des deux héros, elle observe  cette évolution en tentant, parallèlement, de construire une histoire avec son amant  Leibowitz, un intellectuel surmédiatisé qui n’existe qu’au travers de ses parents.

D’un style branché et parfois grinçant, proche du parler courant, l’ouvrage fourmille de termes anglais (bullshit, gift giver, bug chaser, skin to skin, fuck of death, straight, safe, poz cum, c’est down, rider, no offense…) qui témoignent probablement de la jeunesse de l’auteur.

Ceci étant dit, bien que l’auteur se soit targué de ne pas avoir fait de recherches, son ouvrage est fouillé et très documenté… trop peut-être tant il est flagrant qu’il a colligé des informations sur une époque qu’il n’a pas connue et probablement pas sentie à sa juste valeur. Cela contribue à rendre l’ouvrage quelque peu fouillis et surprenant sur plusieurs points. Par exemple, dans sa mise en garde initiale, l’auteur nie toute ressemblance de ses personnages avec des personnalités réelles. Or, à la lecture du texte, on ne peut s’empêcher de faire des rapprochements avec l’histoire de personnalités françaises très médiatisées dans les années 80 : William serait-il Guillaume (Dustan), Dominique serait-il Didier(Lestrade) et Jean-Michel serait-il Alain (Fienkelkrault)?. De même, et contrairement à ce qui est décrit dans le texte de Tristan Garcia, il est impossible d’imaginer, dans les années 80, la narratrice assistant à la pose d’une capote sur un sexe dans une backroom du Marais !!!

De plus, le combat à mort que Dominique et William se livrent dans l’ouvrage n’est, en fait, que la façade publique d’un combat qui fut bien plus important à l’époque : pour ou contre l’utilisation du préservatif dans les relations sexuelles… La maladie est vécue comme l'enjeu d'une roulette russe, un cadeau transmis entre initiés, ou comme la tentative de fédération d’une communauté gay devenue immobile et désintéressée du combat politique, le tout baignant dans une atmosphère paranoïaques ou se côtoient  homophobie, antisémitisme et islamisme radical. Ce combat passionnel et passionné finit même par devenir le seul sujet tardif du livre !

En conclusion, ce roman s’avère singulier puisque l’auteur, à priori hétérosexuel, y parle des gays, des années sida, de la découverte de la maladie et de la difficulté à vivre avec elle. De plus, cette description passe par l’utilisation du personnage d’une narratrice qui n’a d’autre rapport avec le sujet, que d’avoir un collègue gay à qui elle a présente son futur petit ami. A part cela, on la sent quelque peu perdue dans ce débat d’initiés, très théorique ; perdue comme l’auteur a du l’être en découvrant cette époque qu’il a fidèlement retracée, mais dont il n’a pu ressentir réellement la substance ou la réalité ainsi que les choix qui durent être faits durant ces années.

Bref, un bon premier roman à lire.

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