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31 août 2009

Des amants

2008_02_14
Daniel Arsand

Daniel Arsand, tour à tour libraire, critique littéraire, éditeur et attaché de presse, commence sa carrière d’écrivain à l’âge de quarante ans. Il rédige d'abord une biographie de l'actrice Mireille Balin, puis des histoires dans la Nouvelle Revue Française ou quelques poèmes. Il publie, en 2005, son véritable premier roman «La Province des ténèbres ». Il enchaine ensuite avec «En silence», «La ville assiégée», «Lily», «Ivresses du fils» ou «Des chevaux noirs». Il a également collaboré à l’écriture de la suite d'un roman inachevé de George Sand, «Albine».

Dans ce roman, l’auteur raconte les aventures de deux amants dans la France du XVIII siècle. En effet, Sébastien Faure, jeune berger de quinze ans, garde son troupeau quand le cheval du prince Balthazar de Créon l’approche au grand galop, puis désarçonne son cavalier. Celui-ci reste à terre, inanimé et seules les connaissances en herboristerie de Sébastien parviennent à le réanimer. Lorsque Balthazar s’appuie sur Sébastien pour se relever, ce dernier lui avoue : «Je suis à vous»

Un an plus tard, Balthazar «achète» Sébastien à son père et l’emmène dans son château pour l'éduquer, faire de lui un médecin pour le roi, et surtout l'aimer. Mais si Balthazar et Sébastien vivent leur passion à l'écart de la société, cette distance est mal vue à la cour où Créon demeure invisible.

Dans cet ouvrage aux cent chapitres, parfois réduits à quelques lignes, Daniel Arsand livre un texte vif, raffiné où sa verve poétique s’exprime sans limite. Sous l’apparente simplicité de ses mots brûle un feu à la beauté tragique et envoutante. C’est pourquoi cette œuvre évolue dans une atmosphère bucolique empreinte de noblesse et de délicatesse.

Quant à l’histoire, elle pose, en fait, deux questions essentielles. La première est de savoir si l’amour peut traverser les barrières de la société. Là, point de retenue! L’auteur signe un flamboyant et bouleversant éloge à la liberté d'aimer, loin du militantisme agressif, mais avec l'assurance d’énoncer une évidence, quel que soit le sexe de l’être aimé. Il ne s’agit plus uniquement de la liberté d’aimer, mais aussi de son corolaire, le droit à l’indifférence et à vivre le tout selon ses choix.

L’auteur s’interroge ensuite sur la force de l’amour ; un peu comme s’il voulait tester la maxime du poète «pour vivre heureux, vivons cachés». Et c’est là que se niche son tour de force…

En effet, il va raconter la passion de deux hommes au XVIIIe siècle et mettre en évidence, avec beaucoup de simplicité, que, sous le prétexte du respect dû au roi, le vrai problème réside plutôt, comme l’énonce Michel Foucault, dans la découverte que l’amitié entre deux hommes constitue, à partir de cette époque, un «problème social, politique et médical». Loin de la tolérance plus moins marquée qui existait précédemment, on aborde désormais la question comme une menace sociale à régler, en urgence, afin de préserver l’intégrité et les fondements de la société. Et cette interrogation, même si le contexte sociétal a évolué, demeure encore pertinente aujourd’hui.

En conclusion, l’ouvrage constitue donc un savant agencement entre utopie champêtre et conte philosophique car si, comme Sébastien vous vous demandez «Comment peindre ce qui vous éblouit ?», faites, alors, confiance à Daniel Arsand qui a parfaitement réussi son tableau !

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